Famille et éducation
« A
l’encontre des idées à la mode »
Conférence
donnée pour la Fédération des Familles pour la Paix
Le monde
actuel est marqué aussi bien par de grandes réalisations technologiques que par
une incapacité à résoudre problèmes sociaux, particulièrement ceux liés à
l'éducation si on prend l'éducation au sens où l'entendait Montaigne ou
Rabelais ("Science sans conscience n'est que ruine de l'âme") et non
pas comme une accumulation de connaissance. C’est ce que montrent les quelques
statistiques citées ci-dessous.
Situation
des jeunes et de la famille
- Augmentation du nombre de
divorce, 1 mariage sur deux en région parisienne et 1 sur trois pour
l'ensemble de la France, 1.3 million de familles monoparentales élevant
2,3 millions d'enfants. Parmi ces 2 millions, 600,000 ne voient jamais
leur père. D'une certaine façon, c'est des orphelins. En même temps, on
voit des appels lancés par des organisations internationales et nationales
(Unesco, Education Nationale) au "respect des droits de
l'enfant" qui ne prennent absolument pas compte de cette situation
tragique. Or le premier droit d'un enfant, c'est d'avoir un père et une
mère qui s'occupent de lui. Contradiction entre l'affirmation de droits
des enfants qui se veux être un progrès par
rapport au passé et la réalité quotidienne de la vie de ces enfants.
- Augmentation du nombre de suicide
particulièrement chez les jeunes, la France étant maintenant leader en
Europe pour le nombre de suicide de jeunes, les suicides devenant la première
cause de mortalité entre 15 et 25 ans,
- Augmentation régulière du nombre
des viols, progression de l'ordre de 10% par an au cours des années 80 et
90.Pendant longtemps, on a dit que cette augmentation était causée par le
fait que dans le passé, les femmes ne déclaraient pas le fait qu'elles
avaient été violées mais maintenant, on considère qu'il y a une
augmentation sensible du nombre réel de cas de viols..
- Augmentation de la violence dans
les écoles. De plus en plus les médias se font l'écho de cas d'élèves ou
professeurs agressés, on en arrive à des cas de meurtres de professeurs,
d'élèves, des blessures, l'introduction d'armes dans les écoles, le racket
à la sortie des cours et même les agressions sexuelles dans les locaux
scolaires. Certains vous diront comme pour les viols, les suicides, les
divorces, cela a toujours été mais là encore, les études menées leur
donnent tort, il y a une augmentation sensible et les agressions violentes
envers des professeurs sont un phénomène complètement nouveau en France
apparu dans les années 80-90.
Cela est indépendant du niveau de richesse
Ces
problèmes ne sont pas liés à une détérioration de la situation économique :
Depuis 1960,
le taux de divorce a augmenté de 300% en France, de 230% aux USA et en Suède et
de 150% au Japon alors que ces pays bénéficiaient d'une situation de prospérité
jamais égalée dans leur histoire.
Ces
problèmes n'ayant pas leur cause dans la situation économique, les diverses
réponses mettant l'accent sur l'offre de nouveaux moyens économiques ont
échoué.
- Ainsi aux USA, il y a eu une
augmentation de 500% en dollars constants dans les dépenses sociales entre
1960 et 1990 et pendant la même période, les crimes violents ont augmenté
de 500%, les divorces de 400%, les suicides d'adolescent de 200% et les
enfants vivant avec un seul parent de 300%.
- En France, François de Closets dans un livre récent "le bonheur
d'apprendre et comment on le tue" cite le fait que les dépenses
d'éducation ont en France été multipliées par 14 en Francs constants entre
1959 et 1994 passant de 20 milliards à 322 milliards (aujourd'hui en 1998
plus de 500 milliards), ce qui fait du poste éducation le premier et de
loin de tous les postes de dépense du budget national. Pourtant pendant la
même période, le taux de personnes sortant du système éducatif sans
arriver à lire et à comprendre un texte simple de quelques lignes est
pratiquement stable (autour de 5%). Quelle entreprise accepterait une
telle croissance de ses dépenses pour de si piètres résultats. Les hauts
fonctionnaires du ministère de l'éducation reconnaissent que
l'enseignement des langues à l'école en France est un vaste échec, que
pour le temps et l'argent investis, les résultats sont très décevants.
- Toujours concernant l’éducation,
les lycéens et les parents d'élèves se plaignent régulièrement de
"classes surchargées", or il y avait sensiblement plus d'élèves
par classe dans les lycées en moyenne dans les années 60 et 70 sans que
les lycéens d'alors se plaignent de classes surchargées. Une étude internationale
menée par l'OCDE montre qu'il n'y a aucun lien dans les pays
industrialisés entre le nombre d'élèves par classe et la réussite des
élèves, ainsi la Corée avec des classes parmi les plus
"surchargées" des pays de l'OCDE obtient de très bons résultats
dans les principales matières. Quand on fait cette objection, on vous
répond "oui mais autrefois les classes étaient moins
hétérogènes" pour dire simplement qu'alors les élèves étaient plus
disciplinés et qu'il s'agit avant tout un problème de discipline et non de
moyens financiers. D’après les statistiques de l’OCDE, la France consacre
un pourcentage de la richesse nationale à l’éducation supérieur à la
moyenne de l’OCDE (6.2% contre 5.5%) par contre le taux des jeunes
illettrés à 17 ans (11%) y est supérieur au reste des pays de l’OCDE (pays
industrialisés) ainsi que le chômage des jeunes, ce qui montre que ce
n’est pas les moyens mais l’usage qui en est fait qui pose problème. Selon
un rapport du Ministère de l'Education Nationale, il y a un professeur pour
11 ou 12 élèves dans le secondaire ce qui est un taux très élevé de
professeurs jamais atteint dans le passé. Un problème est que ces
professeurs effectuent en moyenne sensiblement moins d'heures de cours que
leurs élèves, beaucoup sont pris par des tâches syndicalistes, des
périodes de "formation", etc.., un bon nombre n'ont pas de poste
et un nombre non négligeable sont tout bonnement fonctionnaires du
Ministère de l'Education Nationale malgré les efforts entrepris par
l'ancien ministre, Claude Allègre pour réduire ce nombre.
Quel est donc le problème si ce n'est pas une question de
moyens financiers ?
- En fait la question de
l'éducation des jeunes est avant tout un problème d'ordre qualitatif et
non quantitatif. La réponse n'est pas dans le nombre de ZEP (zone
d'éducation prioritaire) que l'on va créer en Seine Saint Denis ou à
travers la France (il y a un excès de demandes de collèges et lycées
voulant être classés en ZEP) ni dans une nouvelle augmentation du budget
de l'éducation qui est depuis les années 80 le premier poste de dépense du
budget national ayant largement dépassé la défense mais il faut réfléchir
à ce qui ne va pas de façon qualitative en matière d'éducation.
- Qu'est ce qui a marqué
l'éducation publique en France et l'éducation en général depuis les années
50 ? D'une part l'augmentation du nombre d'élèves, d'autre part
l'introduction de méthodes provenant des sciences humaines,
particulièrement de la psychologie et la sociologie au sens large, à
l'école et dans l'éducation. Il ne s'agit pas seulement la présence d'un
psychologue ou d'un conseiller social dans un lycée mais de méthodes
d'enseignement et d'éducation qui ont repris des idées qui circulaient
dans des cercles de psychologues. Cela est devenu particulièrement vrai à
partir de mai 68. Concernant la pédagogie, on a mis l'accent sur l'éveil
de l'intérêt de l'élève, le dialogue plutôt que l'enseignement magistral,
le développement de la créativité et la participation plutôt que sur le
contenu des cours tout cela allant avec une remise en question de
l'autorité et des valeurs traditionnelles.
- Cette nouvelle pédagogie est
aussi marquée par un refus d'être directif en matière de morale. Finies
les leçons de morale qui enseignaient le bien et le mal. Maintenant les
valeurs mises en avant sont la tolérance, le respect des différences, de
toutes les valeurs, la lutte contre le racisme, l'idée "à chacun ses
valeurs" et plus récemment ses "préférences sexuelles", la
critique de l'homosexualité ("l'homophobie") étant assimilée à
une forme de racisme.
- Dans les idées de 68, il y avait
un aspect positif, une nécessité de renouveler les méthodes
d'enseignement, de sortir des cours magistraux. A l'époque de
l'interactivité, de l'informatique, on ne peut enseigner seulement avec
des cours magistraux, il faut que l'élève participe à la découverte. Mais
cela n'impliquait pas un abandon de la transmission de valeurs, d'une
culture, au contraire cela devait permettre de faciliter cette
transmission.
- Lié à cette influence croissante
des sciences humaines, il y a eu un affaiblissement des valeurs morales
traditionnelles et en particulier de la famille avec ce qu'on a appelé la
révolution sexuelle. Il en a résulté une augmentation rapide dans tous les
pays occidentaux du taux de divorce, du nombre de familles monoparentales,
le développement des maladies sexuelles MST y compris SIDA et un déclin
rapide de l'autorité parentale par rapport à d'autres influences,
télévision, média, idées à la mode, camarades...
Effets négatifs de la psychologie
- La psychologie se présente comme
une approche scientifique de la santé mentale et donc neutre vis à vis des
valeurs morales, des valeurs absolues. Un psychiatre ou psychologue estime
en général que pour guérir "scientifiquement" des malades, il ne
faut jamais émettre des jugements moraux mais écouter les personnes
définir leurs propres valeurs. Cette approche aboutit à une non
transmission des valeurs morales, ce qui était un but fondamental de
l'éducation traditionnelle. Or on peut noter entre autres à propos du
caractère " scientifique " des analyses psychologiques
que chaque fois que le fondateur de la psychanalyse Sigmund Freud s’est
avancé sur le terrain de l’histoire ou de l’anthropologie, ses théories
ont été largement rejetés dans ces domaines par les scientifiques
concernés. Ainsi l’idée du meurtre du père comme origine de la
civilisation défendue dans " Totem et Tabou " est
largement discréditée par les anthropologues et celle d’un Moïse égyptien
massacré par les juifs dans le désert du Sinaï qui auraient ainsi
reproduit le " meurtre du père ", idée défendue dans
" Moïse et le Monothéisme " est encore plus largement
discréditée par les spécialistes de la Bible et les historiens. Quand à
son affirmation dans l’un de ses derniers ouvrages," L’Avenir d’une
illusion " que " la religion est la névrose
obsessionnelle de l’humanité ", elle ne fait que refléter ses
préjugés antireligieux. Cela devrait nous inciter à ne pas prendre pour
argent comptant ses autres théories et surtout l’usage qui en est fait sous
le couvert de la science.
- Plus grave d'un point de vue
éducatif que les conceptions freudiennes de libido, de complexe d'Oedipe
etc. auxquelles l'on ne croit plus vraiment, il y a toute une psychologie
populaire qui se traduit par le refus de toute culpabilisation des jeunes.
La peur de culpabiliser les jeunes a abouti souvent à les
déresponsabiliser. S'ils commettent des actes violents, la cause provient
de leur environnement familial ou social et non du fait qu'ils ont mal
agi, qu'ils se comportent de façon irresponsable. Cette psychologie
populaire est, si on réfléchit sérieusement, une négation de l'éducation.
Pourquoi éduquer au sens étymologique de conduire en dehors de soi-même
vers un certain modèle, former le caractère si les jeunes sont bien tels
qu'ils sont.
- Le terme même d'éducation
implique une hiérarchie entre celui qui éduque et celui qui est éduqué.
Les textes sacrés chrétiens, livre des morts égyptiens ou confucianistes
ou autres insistent sur le respect des anciens, "tu honoreras ton père
et ta mère". Cela existe dans la transmission des arts martiaux, le
respect à l'égard du maître. Cette approche a été remise en question par
de nombreux psychologues qui voyaient en elle de
"l'autoritarisme" sans comprendre la vraie motivation du respect
des anciens. Il s'agissait de permettre la transmission de valeurs pour
permettre à la civilisation d'avancer.
- Il y a un clair lien entre
délinquance juvénile et absence de repères due à l’effondrement de
l’autorité parentale. (Lire à ce propose " La violence des
jeunes " (Gallimard) de Philippe Chaillou,
ancien juge d’enfants, actuellement conseiller à la cour d’appel de Paris.
- Cette non transmission des
valeurs a atteint un tel point que les milieux socialistes ont parlé de la
nécessité de réintroduire l'enseignement de la Bible, du Coran ou des
autres religions à l'école sous une forme ou une autre, utilisant les
termes de nouvelle laïcité ou de laïcité ouverte. Mais, on peut douter
qu'une connaissance purement scolaire ou intellectuelle de la Bible ou du
Coran transmise par des enseignants qui sont loin d'être convaincus, dans
un environnement où tout est relativisé, puisse insuffler des valeurs
morales aux jeunes.
- Comment enseigner une sexualité
responsable, la responsabilité vis à vis de ses actes et paroles en
matière d'amour s'il faut avant tout ne pas culpabiliser parce que c'est
mauvais pour notre santé mentale et si "l'éducation sexuelle"
fournie dans le cadre de l’éducation nationale se résume à des techniques
de contraception/avortement/protection. Cette
" éducation " mine l’autorité des parents qui ont des
valeurs religieuses ou au moins humanistes et a contribué au développement
de la violence sexuelle à l’école.
- Influence des écrits de Wilhelm
Reich, " prophète de la libération sexuelle " dont
l’ouvrage " la Révolution sexuelle " a mis à la mode
l’idée que la morale sexuelle était un moyen utilisé par la bourgeoisie
pour asseoir sa domination. Reich, cette gloire de la psychanalyse, a fini
sa vie en prison suite à des actes sexuels sur mineurs. Ce mélange de
marxisme et de psychanalyse a été repris et modifié par Herbert Marcuse
(" Eros et Civilisation ", " L’homme
unidimensionnel " et par tous les soixante-huitards comme Daniel
Cohn Bendit qui en est arrivé à des écrits sur
l’éducation des enfants dans sa commune frisant la pédophilie, écrits sur
lesquels il s’est tardivement excusé.
- Au cours des vingt dernières
années : soutien accordé à des pédophiles avérés dans les média et les
cercles universitaires, des personnes comme Gabriel Matzneff
ou Tony Duvert ("il n'existe qu'un moyen de découvrir la sexualité de
quelqu'un, petit ou grand, c'est de faire l'amour avec lui", écrivait
Duvert) encensés par Libération, Le Monde etc. Ce soutien a été récemment
une source d'embarras suite à la révélation d'un certain nombre
"d'affaires" concernant des réseaux pédophiles. La pédophilie
est souvent analysée superficiellement comme simplement une question de
majorité sexuelle comme si le même acte perdait toute sa gravité le jour
où un adolescent atteint sa "majorité sexuelle" (actuellement 15
ans). Dans le cas de Tony Duvert, auteur qui a reçu entre autres le prix
Médicis, les théories très discutables de Sigmund Freud sur la sexualité
enfantine ont servi de justification à ses activités pédérastes. Ainsi Duvert
réclamait dans son livre "Le bon sexe illustré" une
"libération sexuelle" des enfants par la pédophilie, la
sexualité des enfants étant selon lui opprimée par la société.
- Quand la pornographie de masse a
commencé à se développer à partir des années 1970, les milieux de
psychologues ont largement sous-estimé ou carrément ignoré ses effets
nocifs et ses implications pour la criminalité sexuelle. Bien au
contraire, toujours selon un point de vue soit disant scientifique, ils
ont parlé de l'effet de "catharsis" que pouvait avoir la
pornographie empêchant les personnes de passer à l'acte en ayant un effet
de défoulement. Il a fallu tout d'abord le rapport de la commission Meese (du nom d'un sénateur US) au congrès des Etats
Unis pour faire voler en éclat ces théories soit disant scientifiques. La
commission du congrès, se basant sur de très nombreux rapports de police,
a montré que dans la très grande majorité des cas de crimes sexuels et
pédophilie, les criminels faisaient une intense consommation de pornographie.
Depuis, lors de l'affaire Dutroux comme dans diverses affaires de crimes
sexuels en France, on a pu voir les liens entre la fabrication et la
consommation de cassettes pédophiles et le passage à l'acte, liens mis en
évidence en surfant simplement sur le Web où les formes les plus violentes
de pornographie et pédophilie sont proposées. Plus grand monde ne croit à
la non nocivité de la pornographie et quand les industriels du porno
essayent encore aujourd’hui de défendre cette idée, on comprend vite qu’il
s’agit de défendre leur marché et leurs intérêts commerciaux. Sans doute,
de nombreux crimes auraient pu être évités si les milieux de psychologues
avaient été plus clairs sur ce sujet et n'avaient pas donnés une caution
scientifique à des théories infondées. Comme le disait avec un simple bon
sens un témoin à la commission Meese, un
marchand de bière ou de cigarettes sait très bien l'impact que peut avoir
un spot publicitaires d'une minute sur ses produits, comment un marchand
de cassettes vidéo pourrait ignorer l'impact d'une cassette pornographique
de 60 mn.
Effets négatifs de la sociologie
- - L'étude des cultures et
sociétés a amené à relativiser la valeur des morales et religions qui
sous-tendaient ces cultures. Au nom du respect de toutes les cultures,
idée particulièrement mise en avant par l'UNESCO dans les années 70-80, il
ne faut émettre aucun jugement sur une pratique culturelle tant qu'elle
est pratiquée dans un pays, trouver que la polygamie est aussi valable que
la monogamie, que la façon dont sont traitées les femmes en Afghanistan
est aussi valable que la façon d'éduquer les jeunes filles en Europe, que
tout se vaut et qu’il faut respecter les différences.
- Cela a amené à nier l'existence
de valeurs universelles, objectives. Vous êtes hétérosexuels, cela
correspond à un modèle, un choix mais attention, ne soyez pas
"homophobe", vous êtes homosexuels, cela correspond à un autre
choix sur lequel il ne faut émettre aucun jugement moral, vous êtes
monogame, c'est votre affaire, bigame, cela ne regarde que vous, polygame,
tant mieux pour vous, respectons vos choix culturels. Bien sûr à ce jeu on
s'aperçoit toujours trop tard que l'on est allé trop loin. Ainsi les Man
and Boys Associations (Manba) aux USA ont
demandé depuis des années une reconnaissance du droit à la pédophilie.
Vous êtes pédophile, c'est un choix qui vous regarde, disent ces grands
défenseurs des libertés individuelles, le seul problème c'est que cela a
des conséquences désastreuses sur les enfants que vous dites aimer. En France,
ces mêmes milieux ont abouti à l'abaissement dans les années 80 de la
majorité homosexuelle de 18 à 15 ans, exposant ainsi de nombreux
adolescents aux avances des pédophiles sans possibilité de poursuites
pénales.
- Il y a une différence profonde
entre dire que les valeurs universelles sont difficiles à connaître, qu'il
faut souvent remettre en question sa conception du bien et du mal,
l'affiner et d’autre part nier la possibilité même de l'existence de ces
valeurs. La deuxième attitude ruine à la base tout système éducatif qui
veut sortir du tribalisme et affirmer l'universalité de la nature humaine.
Résultats
- Depuis le développement d’idées
ou conceptions provenant de la psychologie ou la sociologie en milieu
scolaire et dans la société (psychosociologues etc.) dans les années 60,
on a assisté à une augmentation des viols, des actes violents en milieu
scolaire, des attitudes de rébellion vis à vis du système scolaire, de la
consommation de drogues et des suicides, sans parler du taux de jeunes qui
suivent une formation ne leur permettant pas de trouver facilement de
débouchés. Non seulement, le développement d'une approche psychologique en
milieu éducatif ne s'est pas traduit par une amélioration de la santé
mentale de la population mais il s'est accompagné d'une détérioration.
Cela aurait dû conduire à quelques remises en questions, surtout de la
part de gens qui passent leur temps à remettre en question les valeurs des
autres, mais cela n'a pas été vraiment le cas car ces gens ne réalisent
pas qu’au lieu de faire partie de la solution, ils font partie du
problème. En effet, leur action a bien souvent abouti à faire passer les
parents pour des " ringards " en matière d’éducation
sexuelle, des gens dont l’autorité doit être remise en question car elle
est bien souvent l’expression de toutes sortes de frustrations inavouées.
- Sur le plan purement éducatif, le
rejet des valeurs universelles a remis en cause la possibilité d'une bonne
transmission de la culture occidentale qui plus ou moins depuis la
Renaissance cherche à défendre une conception universelle de l'homme.
- Allan Bloom, universitaire
américain, explique dans "The closing of
the American mind" que la vulgarisation
outre-Atlantique des idées de Max Weber ou Nietzsche a abouti à une
approche sociologique rejetant les valeurs universelles. Du coup, tout ce
qu'il reste à transmettre, c'est une défense de la tolérance, de
l'antiracisme, des idées du genre "à chacun ses valeurs" qui
rend une véritable éducation impossible, une véritable compréhension des
grands textes du passé aussi impossible
- En France François-Bernard Huygues a repris des thèmes semblables dans "La
soft-idélogie", dénonçant la fausse morale
actuelle où un dirigeant politique passe pour moral s'il dit tout le mal
du Front National même si par ailleurs il est profondément corrompu. On va
se demander si Voltaire ou St Louis étaient anti-sémites, si G. Washington
était raciste parce qu'il avait des esclaves, tout cela sans aucun recul
historique et on en retiendra rien d'autre. Près de chez moi, on a refusé
de baptiser un nouveau lycée "Lycée Blanche de Castille" parce
qu'on prêtait à la mère de St Louis des sentiments antisémites sans
aucunement tenir compte du contexte de l'époque. Discours stéréotypés sans
réflexions, discours minimaliste sur des valeurs dont on ne comprend pas
l'origine, absence de véritable culture avec remise en question de la
transmission de la culture passée, clichés comme "la génération
morale" utilisé par le quotidien "branché" Libération pour
parler des manifestations de lycéens qui ne recouvre aucune conception
morale ou même politique clairement définie.
Quelle alternative ?
- Une alternative à des approches
pseudo scientifiques des sciences humaines existe montrant, en psychologie
comme en sociologie, l'importance de la structure familiale. La
psychologie et la sociologie ne devraient pas avoir le rôle subversif
qu'elles ont eu vis-à-vis de la famille car la plupart des études récentes
en sciences humaines montrent l'importance des valeurs familiales pour le
développement de l'enfant et sa socialisation future.
Sociologie
:
·
Le
sociologue Christian Jelen dans son étude des
immigrants en France (" La famille, secret de
l'intégration " Robert Laffont) a comparé l'évolution des immigrants vietnamiens,
chinois et africains en France. Lors de leur arrivé en France, ces groupes se
trouvaient dans une situation économique très difficile. Beaucoup d'immigrés
asiatiques avaient échappé des Goulags cambodgiens et vietnamiens sans un sou
dans leur poche. Les premières vagues d'immigrés africains datent des années 50
et 60, les immigrés étant appelés par des industriels français cherchant de la
main d'œuvre à bon marché pendant cette période de croissance rapide. Leurs
familles ont suivi.
Au
fil des ans, Jelen observe une différence croissante
entre le degré d'intégration de ces deux groupes. Les enfants d'asiatiques
s'adaptent bien au système scolaire français, le taux de criminalité dans les
quartiers à fort taux d'asiatiques en région parisienne est plutôt inférieur à
la moyenne, alors que pour les immigrés africains, c'est la situation inverse.
Jelen explique la raison de cette
différence dans la structure familiale de ces deux communautés, les Asiatiques
ont préservé leurs valeurs confucianistes tournées vers l'éducation alors que
les familles africaines ont très mal supporté le choc culturel de
l'immigration.
Dans
ce contexte, les familles polygames représentent un handicap très lourd pour
l'éducation des enfants et l'intégration à la société, selon Jelen.
- Emmanuel Todd et son étude des
structures familiales ("La Troisième Planète, Editeur
Seuil").montre les liens entre les différents types de structure
familiale et l'environnement économique, politique ou culturel. Les études
de Todd contredisent l'idée commune que l'éducation et le développement
dépendaient essentiellement de structures économiques ou sociales. Selon
Todd, c'est le type de famille et non l'environnement socio-économique ou
même la religion qui est le facteur le plus important pour définir une
culture ou une société. Dans son étude, il montre que les différences de
structure familiale ne coïncident pas avec les différences raciales.
Concernant la "liberté sexuelle", Todd écrit que dans les pays
avec une famille de type autoritaire "la révolution sexuelle mène au
"Meillleur des mondes" d'Aldous Huxley
("A Brave New World") et plus généralement que la révolution
sexuelle amène un renforcement du rôle de l'état et de son emprise sur les
familles.
- Bien sûr, si une famille vit dans
un état d'extrême pauvreté, il est difficile, sinon impossible, d'éduquer
proprement des enfants. Mais certaines cultures engendrent la pauvreté
alors que d'autres sont sources de développement économique. De nombreuses
études montrent la relation entre structure familiale et en particulier le
rôle des femmes avec le développement économique. Entre autres, des études
en Inde montrent que les efforts d'alphabétisation progressent bien mieux
dans les états de l'Inde où les femmes exercent traditionnellement un rôle
plus important dans la famille comme le Kerala et le Tamilnadu.
Psychologie
- Les idées de S. Freud sur le rôle
de la religion comme moyen de répression de la libido pour permettre
l'établissement de la civilisation, idées reprises par Marcuse et les freudo-marxistes ont été depuis largement remises en
question, en partie sous l'effet de la remise en question du marxisme.
- Ainsi, tandis que Freud avait
tendance à réduire les problèmes psychologiques humains aux relations
enfants, père, mère avec son complexe d’Oedipe, aujourd’hui, l’influence
sur un individu de ses ancêtres sur plusieurs générations est de plus en
plus reconnue par ce qu’on appelle la psychologie transgénérationnelle ou
psycho-généalogie. De plus, au vue de l’inefficacité de la psychanalyse
sur les personnes ne provenant pas de la culture occidentale, on en est arriver avec l’éthno-pyschologie à reconnaître l’influence essentielle de
la culture sur la psychologie individuelle. Tout cela pour dire que les
psychanalystes redécouvrent des choses que l’on savait bien avant eux, le
rôles des ancêtres et des cultures, ce qui les amène à remettre en cause
le catéchisme Freudien et ses prétentions scientifiques.
- Déjà du vivant de Freud, Carl G.
Jung prenant le contre-pied de ses idées a dit que les problèmes de la
majorité de ses patients provenaient d'une insuffisance de vie religieuse
et renversé le système freudien. Ainsi l'idée que Dieu est une projection
du père est renversée par Jung pour qui l'image du père chez l’enfant n’est
qu’une manifestation imparfaite de l'archétype divin qui le précède, qui
dépasse l’individu et appartient au patrimoine psychique de l’humanité.
- Il y a eu la redécouverte du rôle
des pères après dégâts de la psychanalyse et de la psychologie populaire
des dernières décennies. Le problème de la famille monoparentale sans père
est souligné et une association comme SOS Papas remet en question la façon
dont dans la majorité des procès en divorce la garde des enfants est
confiée à la mère avec des droits de visites très restreints pour les
pères. "Plus la relation mère-fils est unique et prolongée, plus la
réaction de l'homme adulte envers les femmes sera violente" écrit la
sociologue Christiane Olivier qui n'hésite pas à faire un lien entre les
familles monoparentales et l'augmentation des viols de la part de jeunes
adultes.
- Les féministes elles-mêmes se
sont retournées contre Reich, dénonçant dans ses théories sur la
révolution sexuelle une approche réductrice et masculine de l'acte sexuel
et défendent une approche différente de l'amour (voir Betty Friedan "The Feminine
Mystique").
- Victor Frankl
a expliqué que c'est le sentiment d'absence de sens dans leur vie qui
était à l'origine de nombreuses maladies psychologiques, dépression et
autres et non la répression de la libido. Trouver un sens à sa vie n'est
pas une recherche scientifique mais une recherche de valeurs qui est
proche de la quête religieuse.
- Erich Fromm dans son livre
"L'art d'aimer" a rejeté l'approche de Freud réduisant l'amour à
la libido sexuelle et a montré que la nécessité d'un l'apprentissage de
l'amour était fondamental pour former des individus capables d'établir des
familles et une société harmonieuse. Citant Paracelse, il lie amour et
connaissance "Celui qui ne sait rien n'aime rien mais celui qui
comprend, celui-là aime.. " Il explique que
l'amour n'est pas à la portée de n'importe qui mais dépend de notre niveau
de maturité. L'amour requiert connaissance et effort. On doit apprendre
l'amour. Conception opposée au coup de foudre qui vient tout seul, cliché
répandu depuis le 19ème siècle dans la littérature puis le
cinéma et la télévision.
- Eric Berne, le fondateur de
l’analyse transactionnelle insiste sur l’importance de vraies relations
parents-enfants pour arriver à un être adulte réalisé dont les relations
avec les autres ne soient pas affectées par des séquelles du parent
dominateur, abusif ou absent ou de l’enfant rebelle ou soumis
- Le psychologue américain très
populaire Scott Peck-("Les gens du mensonge" et "Le chemin
le moins parcouru" a mis en avant 2 idées clé : 1) le problème de la
psychanalyse, c'est d'ignorer la réalité du mal, 2) la plupart des
problèmes psychologiques viennent du refus d'accepter une certaine
souffrance nécessaire qui finalement par des chemins détournés aboutit à
une souffrance encore plus grande, crée des névroses..
Cela touche à un aspect important de l'éducation, s'éduquer demande un
effort, peut être douloureux et dans une société à la recherche du
plaisir, de la facilité, ce n'est pas facile
- Le philosophe chrétien Maurice
Clavel explique que beaucoup de maladies psychologiques reflètent une
recherche frustrée de Dieu, que les concepts de refoulement, de
sublimation de la pulsion sexuelle sont une pauvre explication de la
démarche religieuse, qu'en fait dans bien des cas "c'est Dieu en soi
que l'homme refoule" contrairement à ce qu'a affirmé tout une
génération de psychologues pour qui la recherche religieuse est bien
souvent l'expression d'une libido refoulée.
- La "real psychology"
aux Etats Unis, une approche qui cherche à mettre de plus en plus les gens
face à leurs responsabilités sans toujours revenir à leur passé, leur
complexe d'Oedipe ou leurs rêves. Les résultats de cette psychothérapie
par le réel qui vont des sessions de rééducation pour jeunes délinquants
ou drogués à des psychothérapies de groupe centrées sur la résolution des
conflits, la préparation aux situations concrètes auxquelles seront
confrontés les patients, sont bien plus probant que les séances de
psychothérapie classique sans même parler de la psychanalyse Lacanienne
dans laquelle on refusait tout simplement toute évaluation sérieuse des
résultats, sachant qu'on n'avait pas grand chose à montrer dans ce
domaine. Un avantage de cette nouvelle méthode, c'est qu'il apparaît qu'un
ancien sous-officier des marines ou un civil quelconque peut se révéler
bien plus efficace pour aider les patients qu'un psychiatre diplômé.
Conclusion rapide
- L'homme a une double nature
esprit-corps. L'éducation doit correspondre à cette double nature de
l'homme, éducation morale et philosophique et technique-scientifique mais
avant tout l'homme doit apprendre à aimer et développer sa capacité à
entrer en relations avec autrui.
- Cette éducation fondamentale du
cœur, du caractère se fait essentiellement dans la famille, il n'y a pas
de substitut à la famille, ni l'éducation nationale, ni les animateurs de
quartier et autres ne peuvent la remplacer.
- Concernant l'éducation nationale,
il faut promouvoir une véritable coopération entre parents et enseignants
et non une relation où les parents n'ont aucun droit de critiquer la
pédagogie ou le contenu des cours, d'évaluer les professeurs mais
simplement la possibilité de changer d'école pour leurs enfants.
- Si nous voulons améliorer la
situation de l'éducation, il faut faire un bilan sans complaisance de
l'impact de la psychologie et de la sociologie. Il ne s'agit pas de
rejeter ces sciences humaines mais comme l'a montré cette conférence,
rejeter une approche pseudo-scientifique qui cherchait avant tout à miner
l'héritage judéo-chrétien.
- Il existe de nombreuses pistes
pour une psychologie non matérialiste, pour une sociologie qui prenne en
compte des valeurs universelles, il faut aller de l'avant dans cette
direction.
- L’éducation doit réaffirmer les
valeurs universelles, redonner à la famille son importance comme école de
l'amour, école de la formation du caractère.
Bernard
Mitjavile Paris 1999